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La sublime tête tressée de cette magicienne gambienne de la kora est une bénédiction en soi. Un instrument attitré majoritairement aux hommes que Sona Jobarteh a fait sien. Son complice à vie dont les cordes marient ses doigts de fée africaine. L’extension d’une sensibilité et d’une puissance à raconter l’unité et la mère, jonction de cette aspiration. Avec son tout jeune nouvel album Badinyaa Kumoo, la jeune femme à la voix pure chante l’affection fraternelle, ce microcosme intime du frère et de la soeur avec une douceur angélique. Elle s’est adjointe sur ce projet de l’apport de Youssou N’Dour et Ballaké Sissoko, ainsi que du joueur d’harmonica Jock Webb parmi ses précieux collaborateurs. La consécration d’une artiste rare qui trace sa voie avec panache et sincérité depuis 2010 avec comme devise « Fais-le toi-même ». 

 

Immergée dans le cercle fermé des griots, Sona en maîtrise les codes avec une solennité touchante sans jamais s’oublier. Son attachement au blues et à l’afropop rythme ses compositions. À ses débuts, elle chante et louange sur Fasiya la figure du père, le roc de sa construction artistique : l’immense Sanjally Jobarteh. Habile tout comme lui en production, ses chansons sont conçues pour perdurer, sans jamais s’empoussiérer face aux modes. Sa façon de respecter la noble lignée à laquelle elle appartient, corps et âme.  

 

Vivant entre l’Angleterre et la Gambie, Sona Jobarteh jouit du titre de pionnière virtuose de la kora en Afrique. De New-York à Paris, la presse suit ses moindres manifestations, ne se contente pas de la scène pour s’exprimer mais également par des conférences internationalement suivies. Son humanité sans borne se déverse dans ses luttes sociales dont son rôle actif dans l’éducation musicale en Gambie. La Gambia Academy ouvre grâce à elle ses portes à la relève, palliant à une lacune institutionnelle sur le continent africain. Simplement irrésistible…

Sona Jobarteh
Gambie, UK
Festival international Nuits d'Afrique 2023